Le vrai cadeau

 Le vrai cadeau

C’était la nuit avant Noël et toute la journée, il avait flotté dans l’air comme un petit quelque chose. Une sorte de pressentiment, une intuition, elle ne savait pas exactement ce que c’était mais à mesure que la grosse horloge au dessus de la cheminée comptait les heures, cette impression était devenue de plus en plus forte, de plus en plus présente, le sentiment que quelque chose était sur le point de se passer, quelque chose d’important. 

Malgré qu’elle se fut couché très tard, Anna s’était réveillée au beau milieu de la nuit sans savoir trop pourquoi. Incapable de retrouver le sommeil, après s’être tournée et retournée mille fois dans son lit, elle avait fini par se lever. Elle avait enfilé sa robe de nuit et était descendue dans la cuisine pour se faire une tasse de lait au chocolat bien chaud. Sans doute après pourrait-elle se rendormir se disait-elle. 

Elle vint s’asseoir près du sapin sous lequel étaient entassés les cadeaux soigneusement emballés et enrubannés de couleurs vives. Les enfants tout excités de pouvoir les ouvrir le lendemain, jour de Noël, avaient eu bien du mal à s’endormir ce soir. Oh bien sûr, ils n’étaient pas très riches et elle aurait bien voulu pouvoir leur offrir toutes ces choses qui les émerveillaient dans les publicités. Elle aurait aimé leur donner plus mais elle avait fait des économies depuis plusieurs mois pour réussir à les gâter un peu. Ses enfants avaient grandi dans un milieu modeste et ils avaient appris à n’être ni avides, ni capricieux et en dépit de ses maigres moyens, elle savait que tout son petit monde serait content des présents qu’elle leur avait faits. Elle avait hâte de voir leurs visages s’illuminer de joie lorsque chacun découvrirait ce que Noël leur avait apporté cette année. 

Ils avaient eu une belle soirée avec la famille et les amis. On avait fait bonne chair de la dinde et des petits pâtés qu’elle avait préparés depuis tôt le matin avec les plus grands soins. On avait chanté et festoyé de belle façon jusqu’à une heure et demie passée. Puis tous les invités, les uns après les autres, étaient rentrés chacun chez soi, le cœur content en se promettant bien de tous se réunir à nouveau l’an prochain. Elle avait éteint les lumières du sapin et s’était mise au lit satisfaite de la soirée. 

Mais quelque chose cependant, quelque chose d’indéfinissable l’avait réveillée et sans trop savoir pourquoi, elle était là, seule, assise dans la pénombre avec entre les mains sa tasse fumante de chocolat. Il devait bien être 3 ou 4 heures du matin à présent, elle ne savait pas exactement. La nuit était particulièrement claire et elle eût envie de regarder par la fenêtre ce ciel immense étincelant d’étoiles. Elle entendit soudain comme un bruit lointain, on aurait dit des millions de grelots qui résonnaient faiblement. Elle leva les yeux dans la direction d’où venait ce bruit si singulier et elle aperçut une lueur qui flamboyait  au loin, au dessus de la ville. Ce n’était pas comme une étoile filante, on aurait dit plutôt une comète. Derrière cette lumière mouvante suivait une large trainée brillante qui éclairait le ciel de mille feux. Anna regardait le phénomène toute émerveillée. Mais qu’est-ce que c’était? Elle avait depuis longtemps cessé de croire au père Noël. Elle n’avait de toute sa vie jamais rien vu de tel. Qu’est-ce qui provoquait tous ces éclats de lumière dans le ciel cette nuit? Plus cela approchait et plus le rayonnement de cette chose incroyable devenait intense. 

Puis à l’instant où l'objet luminescent passa juste au dessus de sa maison, Anna vit avec stupeur une légère poussière d’or qui tombait du plafond en scintillant. Elle tendit la main. À l’instant où les minuscules grains lumineux touchèrent ses doigts, elle ressentit une énergie bienfaisante l'envahir toute entière, une douce chaleur qui s’infiltrait lentement dans ses veines et jusque dans son cœur, le rendant tout à coup plus grand, plus ardent que d’habitude. Elle se sentait tout à coup submergée d’allégresse, le cœur gonflé d’une joie si profonde, si puissante qu’elle avait le goût de crier, de danser, de chanter à tue-tête. Elle l’aurait certainement fait si elle n’avait eût crainte de réveiller si tôt toute la maisonnée. Elle ressentait en cet instant un bonheur merveilleux. Qu’est-ce que c’était? Qu’est-ce qu’elle venait de voir? Le père-Noël? Un ange? Qui avait fait tomber sur elle cette poussière miraculeuse? Elle l’ignorait. Mais elle savait qu’il s’agissait de quelque chose de magique et d’extraordinaire, quelque chose d’infiniment plus grand qu’elle. 

Elle bût la dernière gorgée de son chocolat, nettoya et rangea la tasse à sa place dans l’armoire puis sur la pointe des pieds, elle s’approcha de la chambre des enfants. Elle les regarda longuement dormir dans le jour naissant. Comme elle les aimait, ils étaient ses trésors les plus précieux et rien au monde, ni les diamants les plus purs, ni même cent millions de dollars n’auraient eu plus de valeur à ses yeux. Puis elle repensa à ses parents, partis depuis un moment déjà pour un monde meilleur, à ce qu’on en dit. Elle ressentait leur présence avec force. Comme s’ils avaient été tout près d’elle en cet instant, comme s’ils étaient venus pour l’embrasser encore, pour la réconforter. Elle savait qu’ils veillaient sur elle, que jamais elle ne serait seule et qu’ils seraient toujours là, dans son cœur et dans ses pensées, pour l’aider et la guider à travers tous les détours de la vie. Une larme roula sur sa joue, elle s’aperçut qu’elle pleurait. Elle pleurait de bonheur. 

Après un long moment, elle retourna dans son lit, se glissa sans bruit à côté de son compagnon dont l’amour, même s’il s’était transformé avec le nombre des années, malgré les hauts et les bas de la vie quotidienne, n’avait jamais diminué pour autant. Elle se sentit heureuse et comblée. Puis Anna s’endormit, le sourire aux lèvres. Elle savait que désormais, quoi qu’il arrive, tout finirait toujours par s’arranger. Tant qu’il lui serait possible d’aimer, le reste importait peu au fond. 

Elle avait compris ce qu’elle avait vu cette nuit. C’était l'Esprit de Noël.

Cette grande bienveillance qui, par delà toute la frénésie commerciale, soudain emplissait les cœurs de tous les êtres humains de la terre, du moins ceux qui savaient la percevoir. Cette bonne volonté collective qui poussait la plupart des gens à la compassion, à l’entraide, à l’amour et au pardon durant ces quelques jours.

C’était cela, le vrai cadeau de Noël. 

                                                                                                Jo (Louve)

Comments

[LadyLouve]

Je t'ai envoyé mon adresse... à bientôt ma belle Kattig

[new2kj]

Pourquoi ce ne serait pas moi? :) Je vais bien par cette nouvelle année. Le temps passe tellement vite.. Les cours sont depuis bien longtemps derrière moi maintenant puisque la vie active est venue bien trop vite.. Si tu veux, on peut discuter par mail. Cela me fait plaisir de savoir que tu vas bien et cela me fera aussi très plaisir que l'on garde contact. Gros bisous! Kattig

[Louve]

Wow! Kattig! C'est bien toi? Oui ma belle, je vais très bien, j'écris... et toi dis-moi, que s'est-il passé depuis le temps? Tu as terminé les cours? Comment vas-tu?

[new2kj]

Bisous ma belle Louve. J'espère que tu vas bien. Kattig

[LadyLouve]

Bonjour ma belle amie. C'est gentil d'avoir laissé ce commentaire. Je suis contente qu'elle t'aie plu ma petite histoire... J'espère que tu as eu le mien sur ton blogue... j'ai perdu contact tout de suite après l'avoir publié... j'espère de tout coeur que tu l'aies reçu. Je t'embrasse très fort.