Tambours
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C'est la médecine la plus simple et profonde de nos nations, le battement du coeur sacré de la Terre-Mère. La pulsation stable et simple du tambour élève la conscience et les sentiments bénéfiques. Le tambour installe la fondation, l'espace sacré pour les réunions et les rassemblements. Il renforce le champ d'énergie autour du corps physique en nous emplissant de la force de vie. Il aura aussi les mêmes effets bénéfiques sur la nature et la Terre-Mère.
Extrait: Art Huron International
www.arthuronintl.com
Tambours
(Louve, Mars 2006)
Depuis un moment déjà, les tambours résonnaient.
Le feu crépitait au centre de la tente. Bien qu’à l’extérieur le soleil brillait haut dans le ciel, ici dans la pénombre, sous la lumière vacillante des flammes, le temps semblait suspendu. Parmi la dizaine de participants à la cérémonie, aucun n’aurait su dire l’heure qu’il était en ce moment. Quelle importance? Était-ce le jour ou la nuit? Faisait-il chaud ou froid? Plus rien n’importait à présent que les ombres qui dansaient sur les murs de toile épaisse, que l’odeur de l’encens qui brûlait. Plus rien que le prochain coup qui viendrait directement pénétrer la poitrine pour irradier au plus profond du coeur et traverser le corps jusqu’aux entrailles.
Imperceptiblement, le rythme s’était accéléré. Tout en cet instant, vibrait à l’unisson. Les cœurs et les tambours se fondaient, devenaient un seul et même battement. La nature, les éléments, les animaux et les hommes tout l’Univers s’accordait au même rythme. D’un même mouvement instinctif les corps se balançaient doucement, en cadence.
La vibration commençait tout doucement au creux du ventre et sa chaleur s’intensifiait et se ramifiait dans chaque muscle, chaque pore de ma peau, chaque fibre de mon être. Puis le tipi, le feu, les gens, tout autour de moi devenait flou, fluide; s’entremêlait et se confondait. Tout disparaissait, se transformait.
Lointains, les tambours tonnaient, accéléraient encore. Les coups de plus en plus rapide enflammaient mes sens. Je flottais hors de moi. Soudain libre. Immatérielle. Éthérique.
Un éclair, un vertige, le sifflement du vent à mes oreilles. L’océan...
Plus rien n’existait … qu’une image devant mes yeux. Lumineuse. Une image merveilleuse, émouvante: ton visage. Ton ravissant, ton adorable visage…
J’existais dans tes larmes. Je roulais sur ta joue. Je coulais. Je devenais rivière, puis torrent.
Tout ton corps palpitait, résonnait en harmonie à chaque battement de mon cœur.
Mon coeur-tambour.
Mon coeur de peau-rouge … rouge.
J’étais le sang qui battait à tes tempes. Je courais dans tes veines. J’étais l’air que tu respirais. J’étais la rosée qui perlait à ton front.
Sauvage, j’étais la fièvre, le désir. Nos esprits s’unissaient, fusionnaient. Unes et multiples, j'étais toi et tu étais moi.
J'étais la vague qui te submergeait, cambrait tes reins. J’étais le plaisir, les frissons sur ta peau.
J'étais l’explosion. La flamme... rouge.
Nous étions l'Air et la Terre, l'Eau et le Feu. Nous étions Tout.
Transcendant l'espace et le temps ...
Infinies, immortelles...
Les tambours s’étaient tus. Plusieurs heures s’étaient écoulées. Le silence à présent n’était plus habité que par les respirations saccadées de ceux qui revenaient du Voyage.
Lentement, je reprenais conscience. Mes vêtements étaient trempés. Mes cheveux collaient à mon front malgré le froid glacial. J’avais le souffle court et je tremblais de tout mon corps. J’avais la gorge sèche et douloureuse. Je crois que je pleurais...